Alice perdue…
Noël apporta son lot de vrais bonheurs et de cruelles déceptions.
Sophie, en mission humanitaire en Thaïlande bavarda quelques minutes avec ses parents sur Skype. Le matin de Noël, sous le sapin orné de nouvelles guirlandes rouges et or, on avait rassemblé comme à l’accoutumée tous les paquets-cadeaux. Cette année encore, Alice les avait tous gâtés. Didier n’aimait que les « choses utiles » et il avait été exaucé. Elle lui avait offert une brosse à dent électrique dernier cri et un pull en cachemire beige. Pour son fils, elle avait choisi une sublime chemise en popeline noire et un bon d’achat qui lui permettrait de compléter l’équipement de son studio lyonnais. Laura avait reçu un peu d’argent et une jolie montre.
Ses enfants l’avaient comblée. Geoffroy avait déniché pour sa mère un plateau en argent aux lignes épurées et Laura lui avait donné avec un gros câlin, un énorme flacon de Chanel N°5 qui l’avait certainement ruinée……
Tous deux avaient écrit une carte de vœux où ils exprimaient avec effusion leur amour et leur gratitude. Curieusement, Geoffroy formait aussi le souhait que leur famille « reste unie en cette nouvelle année ».
Cette phrase-là avait plongé Alice dans une grande perplexité. En quoi leur famille se trouvait-elle menacée ?
Alice retrouvée…
« Ça va ma chérie ? Tu as encore mal ? »
« Non, Didier. Ne t’inquiète pas. Tout va bien maintenant, je n’ai plus mal. »
Didier referme doucement la porte qui couine encore. Ah, ces vieilles bâtisses !
« Ils n’auront pas faim et ils n’auront pas soif ; le mirage et le soleil ne les feront point souffrir car celui qui a pitié d’eux sera leur guide et il les conduira vers des sources d’eaux. »
La promesse qu’elle a lue ce matin dans le livre du prophète Esaïe emporte le voile de tristesse qui couvrait son cœur depuis son réveil.
C’est Noël. Sophie dort près d’elle.
Elle n’a plus mal.