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La Saint-Valentin d’Alice ou la valse des sentiments

La Saint-Valentin d’Alice ou la valse des sentiments.  « Ce soir-là, Didier et elle dînèrent en silence. Alice, qui aimait éveiller les papilles de son mari en concoctant de bons petits plats, s’était contentée de préparer une salade verte et une omelette au parmesan. De toute façon, Didier se satisfaisait de peu. C’est elle qui se compliquait la vie pour lui faire plaisir ! Il mangeait toujours à toute allure sauf quand ils avaient des invités ! Ce soir, elle ne voyait plus pourquoi elle avait fait tant d’efforts pendant toutes ces années ! La dernière bouchée d’omelette avalée, Didier se leva brusquement, repoussa sa chaise sous la table et quitta la pièce en grommelant « je suis fatigué, je vais me coucher ». Il avait pris cette habitude depuis quelques mois et Alice supportait ses désertions avec fatalisme. Elle regarda son assiette. Les larmes lui montèrent aux yeux. Aujourd’hui, c’était la Saint-Valentin ! Son cœur se serra. Elle mit la vaisselle sale dans l’évier et gagna son bureau. … « Ma chère Alice, Hier comme c’était la Saint-Valentin, j’ai fait un poème pour toi. Accepte-le s’il te plait ! C’est mon cadeau pour toi, querida mia , en l’honneur de nos retrouvailles. Chau . » *** Un monde entre la vie conjugale et la vie rêvée !   Un gouffre entre la solitude, l’ennui d’une relation conjugale qui s’étiole et cette tentation de vivre l’inconnu, de recevoir avec gratitude une invitation à s’échapper du quotidien mortifère. Et quelle invitation ! Pour Alice, c’est cette magie de la « Saint-Valentin » portée par un désir languissant de considération et de romance mélés, qui va mettre le feu aux poudres. Ce petit “rien” qui bouleverse… Une petite étincelle, un poème, rien de bien « méchant » et voilà que tout bascule.

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Chapitre 11 – L’étau

Alice et Didier avaient reçu le carton d’invitation à dîner à l’en-tête des Gardelli. Fabrizio avait tenu parole. Alice ne comprenait pas les raisons qui avaient poussé l’italien à dévoiler une partie de sa vie privée dans son bureau de Cannes, ni pourquoi il tenait tant à ce dîner. Certes, la nature généreuse de l’italien y était pour quelque chose…… Texte explicatif : Alice savait que la ressemblance de Fabrizio avec Alessandro et avec Juan avait pesé dans la balance et inconsciemment, l’homme d’affaire avait exercé sur elle une fascination dès leur première rencontre.

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Le pardon tout simplement

Un extrait du roman pour explorer ensemble le thème du pardon Chapitre 29 « Avec Laura, tout était si simple ! Elles avaient les mêmes goûts en matière de nourriture, préféraient les mets authentiques, la cuisine de terroir, aux plats sophistiqués. Alice se souvint du dîner avec Fabrizio à la Villa Archange. Tout ce luxe ne signifiait rien comparé au bonheur de revoir son enfant ! Une guêpe se posa sur la coupe de fruits. Alice la chassa avec sa serviette… « Et alors, maman, tu n’as pas encore fabriqué de piège à guêpes ? » La voix de Laura tremblait. Alice secoua la tête en signe de dénégation. La mère et l’enfant se turent. Et les souvenirs des étés flamboyants affluèrent. En voyant les yeux de son enfant se remplir de larmes, Alice comprit que Laura avait souffert en silence, sans se plaindre, tout comme son frère, emportée  par la tempête qui avait brisé leurs certitudes à tous. Alice se leva. Elle fit le tour de la table et s’agenouilla sur les lattes de bois. Elle posa son front sur les genoux de sa fille. « Pardon ! » Sa voix n’était que murmure. Elle attendit, les yeux fermés. Dans son for intérieur, elle se félicita d’avoir fait poser des lattes en bois et songea à la douleur qu’elle aurait ressentie sur les petits cailloux pointus de son enfance… Elle attendit encore. Elle sentit la main tremblante de Laura se poser délicatement sur sa tête et comprit que par ce geste d’une infinie douceur, sa fille lui accordait son pardon. Alors qu’elle reprenait sa place à table, Alice aperçut une colombe blanche qui virevoltait au-dessus du ponton. L’oiseau se posa en équilibre sur un piquet et s’immobilisa, tournant sa petite tête dans leur direction. Déjà, Laura levait son verre de

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Si seulement ou la porte du désir.

Les si et la puissance du désir – Piège ou opportunité ?  Chapitre 16 « Alice imaginait déjà leur rencontre à l’aéroport JFK. Juan lui donnerait un baiser sur la joue et prendrait sa valise ; ils traverseraient le hall et gagneraient le parking. Et là, au détour d’une allée, sous la lumière d’un néon criard, Juan la presserait contre lui…Il lui donnerait un baiser qui lui emporterait la bouche… » Désir et frustration : un cocktail détonnant. Tous les psychanalystes et les spécialistes des neurosciences l’affirment : c’est du manque que nait la frustration et de la frustration que nait le désir. Le désir est alimenté par la capacité à imaginer, à rêver, à produire une réalité qui nous échappe encore. Nous ne sommes que désir, affirment-ils !Il suffit qu’un “objet”, une personne nous ait échappés pour que l’état de manque s’installe. Les amours inachevées, les histoires suspendues réveillent lorsque nous sommes au creux de la vague, dans la solitude d’une vie conjugale monotone, des appétits, des images imprécises de ce que notre vie aurait pu être si…Les si ont un puissance redoutable. Ils enflamment notre imagination, nous poussent à aller chercher plus loin notre bonheur. Parfois, ils révèlent un besoin de conquête, de changement.Et si nous avions pu concrétiser notre projet ?Et si nous nous étions rencontrés pour de bon ? Et si… il était l’homme de ma vie ? Certaines personnes rationalisent, refoulent cette percée du désir. Ils font des tableaux dans des journaux intimes, pesant en colonnes le pour et le contre. Dois-je renoncer à cet engagement ?Dois-je quitter mon travail , Dois-je dire la vérité sur ce que je ressens ? D’autres, au travers d’une crise plus profonde, au détour d’un moment de lucidité douloureuse laissent affleurer ce désir ? Désir de vie la plupart du

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Alcools trompeurs

Chapitre 20 « Elle décida de regagner Saint-Raphaël par la corniche. C’était un choix insensé, stupide. Mais elle s’entêta. » Une folie !!! Alice a mis toutes ses cartes à plat. Elle livre sa peau, ses pensées, son avenir, son espoir, ses tripes à un homme-mirage, à un amant de papier. Dans les ténèbres, on ne reconnait plus rien, on ne sait plus se diriger. Ce trajet sur la corniche complètement éméchée, c’est un appel au secours, un défi, un acte déraisonnable, un pied-de-nez à la vie, un appel macabre. On ne sait rien d’Alice, de son passé d’enfant unique. On présume que ça n’a pas été simple et que le mariage avec Didier n’a pas réussi à combler le manque d’amour maternel. La liaison avec l’amant de papier non plus. Des fruits amers Les tentatives de se mettre en relation, portées par la désespérance, ne produisent que des fruits amers. Le fruit amer de cette descente aux enfers, c’est la colère, l’amertume et la rage. Alice ignore ce qu’elle a accumulé en elle :  toute cette douleur et quelques verres de trop suffisent à la faire déraper. Elle dérape dans le salon du Negresco. Quelle mère sensée peut parler comme elle le fait à sa fille ? Arrêter sa course folle ? Un arrêt dans sa course folle vers cet appétit de fusion, de ce qu’elle croit désirer. Une occasion de se reprendre, de réfléchir. Mais aura-t-elle le courage de faire une halte, de chercher au plus profond d’elle-même la raison de son mal ? Où repartira-t-elle de plus belle ? Elle, la passionnée, à la recherche de cet Amour extravagant qui lui échappe encore et encore… « Mais ils refusèrent d’être attentifs, ils eurent l’épaule rebelle, et ils endurcirent leurs oreilles pour ne pas entendre. »  Zacharie 7 :11

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Chapitre 18 – Des oui à tout ou le mensonge de l’amour

“Et Alice dit Oui. Oui à tout.” Quand la vie est trop difficile, le chagrin trop longtemps contenu, il arrive que le cœur éclate. La capacité d’aimer est amoindrie ou comme tordue. Comme un objet usé, l’amour cherche sa voie mais se brise sur les mensonges. Le premier grand mensonge, relayé par la culture ambiante, les romans à deux sous et les séries télé, c’est le mythe de la fusion amoureuse. Certes, nous savons bien ce que signifie “tomber amoureux”, cette frénésie de l’autre qui agit comme une drogue. L’aimé prend littéralement possession de nous, même si nous n’avons pas de relation physique avec lui. Il est là, jour et nuit dans nos pensées. Il nous vampirise. Nous en perdons le manger, le boire, le sommeil. L’attente est si intense, le besoin d’amour si violent. Cet état amoureux nous amène à prendre des décisions, à faire des choix qui  ne sont pas mesurés, pas raisonnables. Mais un vieil adage ne dit-il pas : “le cœur à des raisons que la raison ne connaît pas.” ? C’est pourquoi il est si difficile à des proches de mettre en garde un cœur amoureux fou. Alice est bien fragile intérieurement et sa seule porte de sortie semble être cette fusion qui la perd. Elle dit oui à tout. Elle veut aimer et surtout être aimée. Et elle veut “plaire”. Elle change de garde-robe. Elle change de regard sur elle-même. Mais elle reste dépendante du regard de l’autre. Frénésie, dédoublement. Je deviens ce que l’autre demande, je me conforme dans un désir éperdu d’être aimé. Quelle relation entretenons-nous avec l’amour de notre vie ? Sommes-nous aliénées au regard qu’il porte sur nous ? Savons-nous dire “non” ? Poser des limites appropriées dès le début d’une relation ? Gardons-nous un temps pour nous retrouver nous-mêmes,

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Chapitre 8 – Je n’ai pas le temps !

“Elle ne devait pas faiblir. Elle devait oublier !Dans quelques jours, ce serait Noël, le temps des retrouvailles, l’odeur du sapin… Geoffroy et Laura, Sophie et Didier… Sa vie était là ; elle n’était pas parfaite, mais c’était sa vie. Tout ce qu’elle connaissait par cœur. Dans un moment de crise, Scarlett O’Hara, son héroïne préférée, avait eu cette phrase admirable : « Je ne pleurerai pas … pas maintenant … je n’ai pas le temps ». Alice ravala ses larmes et rejoignit sa voiture en pressant le pas. Elle fouilla dans la boite à gants et dans les poches de son manteau à la recherche d’un paquet de kleenex et sourit malgré elle. Elle venait de comprendre la raison pour laquelle elle aimait tant Scarlett O’Hara. Elles avaient un point commun : Scarlett et elle n’avaient jamais de mouchoir sous la main dans les moments où elles en avaient le plus besoin !Alice fit ronfler le moteur de sa voiture et démarra en trombe.” Je n’ai pas le temps !C’est fou comme nous nous donnons des excuses ! Comme si nous n’avions aucune capacité de choisir, de décider de nos journées. Pendant des saisons plus ou moins longues de notre existence, nous avons le sentiment pénible d’être pressés par nos obligations quotidiennes. En cage.En région parisienne où j’ai habité pendant une vingtaine d’années, des milliers de femmes doivent jongler avec un emploi du temps démentiel : deux heures de transport ou davantage, entre 7 et 9 heures de travail. Et en rentrant à la maison, la préparation du repas souvent sacrifiée, le bain au tout petit récupéré en vitesse chez la nourrice ont raison de la capacité à réfléchir et prendre du recul. Le week-end, corvées ménagères, courses, Un sentiment d’épuisement et d’impuissance s’installe, tenace et submerge les mamans

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Chapitre 8 – La douleur qui se venge.

“Alice fixa à nouveau le carton puis leva les yeux vers Fabrizio qui lui souriait amicalement. Elle rangea la carte de visite dans le dossier et voulut se lever pour prendre congé. Comme une frêle embarcation malmenée par le courant. Alice sentit le sol tanguer sous ses pieds. Un épais nuage noir l’enveloppa. Elle s’évanouit en poussant un faible gémissement.” … “Lorsqu’elle reprit conscience, elle était étendue sur le sofa du salon attenant au bureau de Fabrizio…. « Je dois partir car j’ai un rendez-vous important à l’extérieur dans quinze minutes mais je vous confie aux bons soins Angelina. Prenez tout votre temps…… Nous nous reverrons bientôt pour la signature chez le notaire. Prenez soin de vous, Alice. Je vous souhaite un joyeux Noël ! Allez, Bellissima, je vous laisse maintenant… » Fabrizio ponctua son « bellissima » d’un sourire éblouissant et quitta la pièce. Alice referma les yeux et chercha son souffle. Une douleur ancienne se frayait un passage entre ses seins.” En repensant à mon propre combat pour nier la souffrance, écarter les souvenirs, rationaliser ce que je vivais et quand je constate les ravages du déni dans la vie de personnes qui me sont proches ou de ceux qu’il m’arrive de conseiller, j’en suis arrivée aux quatre conclusions suivantes : Vivre, c’est accepter la douleur. Il n’existe pas de vie parfaite et idéale. Dieu ne supprimera pas la douleur par magie. Mais en acceptant d’avoir mal, nous ouvrons ainsi notre coeur à Sa présence guérissante et à un processus de vérité et de reconstruction. Mon “Alice” commence juste à comprendre que quelque chose de terrible se prépare. Cette ancienne douleur, celle d’un chagrin très ancien, d’un deuil non résolu, qu’elle n’arrive pas à identifier, cette douleur veut se manifester ! Face à nos pertes, nous choisissons de nier la douleur et négligeons d’identifier nos émotions, de donner un nom et un sens à

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Chapitre 4 – Aveugle à la beauté ?

“Le vent avait faibli et le soleil à son déclin, marbrait la surface de l’eau, le sable et les roches de fragments d’or. Véra s’extasia sur la beauté du paysage.” Les saisons sont un don du ciel. Lorsque j’étais une adolescente et même plus tard, je ne jurais que par l’été, le chant des cigales, les champs de blé mur et les abricots ! Mais un hiver, il y a eu un “switch” dans mes pensées. Ma vision des choses a changé ! Je me trouvais alors en Suisse et chaque matin, j’avais pris l’habitude de me promener sur un sentier qui longeait le lac léman. Au fur et à mesure que le paysage évoluait, j’évoluais moi-aussi, saisie par le flamboiement de la vigne en automne, par la douceur ouatée des brumes de novembre et par la pureté des neiges accrochées au Mont-Blanc si proche et si lointain. Je changeais et mes yeux s’ouvraient à la variété de la Vie, aux splendeurs de la nature. Mon Alice ne sait plus qui elle est. Fermée dans sa solitude, elle ne voit rien, elle ne sent rien. Elle se comporte déjà comme une morte-vivante. Son attitude contraste avec celle de son amie Véra, qui mord la vie à pleine dent : une Véra qui vit à fond, à 110 % chaque minute qui s’offre à elle ! Savons-nous apprécier ce qui est familier ? Nous émerveiller des changements de saison, des variations de la lumière sur les toits, du frissonnement des feuilles du gros tilleul centenaire dans la cour de la ferme, de la splendeur irisée des soleils couchants, du miroitement de l’onde…de la blondeur des blés à la moisson. C’est gratuit. C’est à nous !

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